- Qu'est-ce qu'un OGM?
Mais tout d'abord qu'est-ce donc que signifie
OGM. C'est l'acronyme de Organismes Génétiquement Modifiés. Voilà,
donc trois termes qu'il va nous falloir expliciter. Le terme organisme repésente
a priori n'importe quel être vivant, végétal ou animal. Mais comment
décrire un organisme d'une espèce déterminée? Comment différencier un papillon,
d'un éléphant? Rien de plus facile, direz-vous. On décrit un ensemble de
caractéristiques qui vont être conservées de génération en génération au
sein de cette espèce; c'est l'existence d'un certain nombre d'individus
reconnaissables entre eux au fil des générations qui va permettre de définir
une espèce, un organisme particulier. Mais alors où se trouvent donc l'information
qui permet d'obtenir ces individus similaires? Certaines théories supposaient
qu'au sein de chaque organisme, il y avaient des oeufs qui comme des poupées
russes contenaient déja tous les descendants à venir. A chaque génération,
on pèle la couche supérieure qui donne naissance à la génération suivante.
Ce genre de théories impose qu'il n'y a aucune évolution possible, tout
est écrit depuis l'aube des temps. Mais il est maintenant clairement établi
que ce scénario est totalement faux.
Les caractères héréditaires qui définissent
un organisme sont, en effet, transmis de génération en génération.
Ce sont ces caractéristiques que l'on nomme gènes. Depuis le milieu
du vingtième siècle, on connaît même le support physique de ces gènes :
au sein d'une cellule, on trouve des molécules d'ADN ou Acide DésoxyriboNucléique.
C'est sur ces molécules que se trouvent inscrites les informations héréditaires.
Grâce au travail d'un grand nombre de biologistes, il a été possible d'élucider
le code utilisé pour stocker ces informations. Maintenant, après des années
de travail, les hommes sont parvenus à séquencer le génome de nombreuses
espèces dont l'Homo Sapiens. Cela veut dire que l'on a lu la longue suite
de lettres que constituent les molècules d'ADN d'une espèce donnée et que
l'on a regardé où se trouvait les gènes. On s'est alors rendu compte que
les gènes ne représentent qu'environ 5% de l'ADN total pour une espèce comme
l'homme. Le reste de l'ADN ne porte pas directement d'information, mais
doit intervenir dans l'évolution des gènes et dans le maintien de leur intégrité.
Il est donc maintenant possible de dénombrer et de spécifier les gènes de
telle ou telle espèce si tant est que son génome ait été séquencé. Pour
construire un homme, il faut aux environs de 50.000 gènes, pour certaines
plantes deux fois plus. Ce qui compte, c'est que l'on puisse caractériser
les gènes d'une espèce.
En même temps que l'on acquérait toutes
ces informations, on s'est aussi aperçu que l'ADN était une langue commune
à la quasi totalité des espèces : si l'on insére un gène, donc un morceau
d'ADN, codant (portant les informations) pour une protéine humaine dans
une bactérie, cette bactérie va produire la dite protéine. (Cette technique
est d'ailleurs à l'origine d'une bonne partie des milliards de dollars brassés
par l'industrie biotechnologique.) Ainsi, l'ensemble des gènes de toutes
les espèces peut être lu par un membre de l'une des espèces : elles utilisent
toutes le même support et le même code. Néanmoins, une espèce déterminée
va se définir par son plan de fabrication d'ensemble qui se trouvent dans
l'ensemble des gènes de son génome. Il faut préciser qu'un gène peut revêtir
différents aspects que l'on nomme allèles. Par exemple, l'information
de la couleur des yeux peut prendre plusieurs valeurs : les yeux peuvent
être bleus, verts, marrons, noires... Un individu d'une espèce donnée, par
exemple l'espèce huamine, est donc une combinaison particulière des multiples
allèles possibles des quelques 50.000 gènes qui forment notre espèce. A
chaque génération, la rencontre d'un mâle et d'un femelle permet grâce à
la reproduction sexuée d'obtenir une nouvelle combinaison, unique, d'allèles
des gènes de l'espèce : c'est l'un de leurs "enfants".
A beaucoup plus long terme les choses sont
légèrement différentes. Les gènes caractéristiques d'une espèce sont soumis
à d'incessantes mutations aléatoires. Ces modifications des gènes peuvent
conférer des dispositions nouvelles. Si ces dispositions nouvelles sont
favorables dans l'environnement où évolue une espèce, il a fort à parier
que la sélection naturelle va conserver préférentiellement les individus
porteurs de ces modifications. Tous ces changements sont extrèmement longs
et relativement graduels, il est ainsi difficile de savoir quand l'évolution
va donner une nouvelle espèce. Le critère communément admis est le suivant
: prenons un groupe d'individus d'une espèce donnée qui évoluent conjointement
dans deux lieux séparés, il y aura deux espèces différentes lorsque la reproduction
est devenue impossible entre membres mâles d'un des groupes et femelles
de l'autre et vice versa.
Il est désormais possible grâce aux avancées
de la biologie moléculaire d'insérer un gène nouveau ou de modifier une
partie du génome d'un organisme. Ce sont des organismes ayant subi ce genre
de modifications que l'on appelle OGM. Mais pourquoi donc procéder à de
telles transformations? Quels intérêts peut-on y trouver? La réponse à ces
questions nécessite que l'on s'intéresse de plus près à la place de l'agriculture
dans l'histoire de l'homme.
- L'agriculture ou l'histoire d'une sélection
technologique
Les livres d'histoire de classes de sixième
nous présente un homme préhistorique au départ chasseur-cueilleur, évidemment
nomade, qui se contente de trouver dans son entourage la nourriture qui
lui est nécessaire. Mais trouver de quoi se nourrir peu s'avérer précaire
et dangereux : les fruits et légumes ne sont pas toujours comestibles et
certains disparaissent, il n'y a que l'habitude et des essais parfois funestes
qui permettent de savoir si un produit de la terre est propre à la consommation.
Les premières connaissances "agricoles" ont dû se payer au prix fort. Mais
très vite, armé de quelques outils et de maigres connaissances, l'homme
va mettre au point "l'agriculture". Il va transformer son milieu naturel
de manière à produire des végétaux et des animaux qui vont lui être utile.
Il s'agit là d'essayer de reproduire de façon contrôlée ce qui était avant
à sa dispostion. L'avantage qu'il espère y gagner est multiple : une moins
grande précarité, une meilleur qualité et des quantités suffisantes pour
subvenir à ses besoins.
Comment au juste a pu s'opérer ce changement
entre chasse et cueillette d'une part et agriculture de l'autre? Cette évolution
s'est sans doute faite par de nombreux essais et erreurs. Certaines inventions
techniques comme par exemple l'araire (ancêtre de la charrue) ont permis
de tester différentes conditions de pousse et de préparation du sol. Au
fur et à mesure, l'homme a aussi sélectionné les plantes et les animaux
qui se prêtaient le mieux aux conditions de culture qu'il était en mesure
d'avoir. Se faisant, il effectue un choix parmi les pousses et les animaux
et oriente l'évolution des caractéristiques génétiques de l'ensemble de
ces organismes. Il va privilégier une évolution des gènes vers la meilleure
adéquation possible avec le milieu qu'il peut créer, de même qu'il essaie
par essais et erreurs d'améliorer le milieu pour obtenir suffisement de
nourriture et ne plus craindre les famines.
Au cours de l'évolution de ses espèces
domestiquées, il est également possible qu'il y ait des mélanges entre les
génomes de plusieurs espèces. Ainsi, le blé ou le colza ont un génome de
très grande taille qui est en fait l'assemblage du génome de plusieurs plantes,
trois pour le blé, deux pour le colza. Donc, l'introduction de gènes d'une
espèce dans une autre et le mélange de gènes n'est pas le fait uniquement
de l'homme du vingtième siècle. Ce "bricolage" se fait déjà sans l'intervention
directe de l'homme depuis des milliers d'années. En utilisant, la manipulation
génétique la plus simple qu'il soit, la reproduction, l'homme a essayé depuis
longtemps d'obtenir des animaux ou des végétaux qui correspondent à ses
besoins. Ainsi, le mulet est le mélange des gènes d'un âne et d'une jument.
On procède, alors, à l'introduction non pas de quelques mais de dizaines
de milliers de gènes d'une espèce dans une autre. Nous sommes alors à la
limite de la définition que nous avons donné d'une espèce car il y a possibilité
de reproduction. Mais le produit de cette transformation génétique, le mulet,
est lui stérile. Nous avons, ici, affaire à une sorte de cas limite. Quoiqu'il
en soit, il est clair que l'homme n'en est pas à ses premières armes en
matière d'amélioration génétique d'animaux et de végétaux.
L'histoire de l'agriculture humaine est
celle d'une sélection lente et guidée par les résultats. On a ainsi sélectionné
sur de longues années tel tupe de tomates parce qu'elles donnaient plus
ou avaient un meilleur goût. De même, les éleveurs de bétail ont sélectionné
sur des décennies les bêtes les plus "belles". La sélection se faisait donc
sur le caractère extérieur ce que l'on appelle le phénotype. L'évolution
du patrimoine génétique, que l'on appelle génotype est lui laissé
au hasard de la reproduction sexuée. La principale différence que présente
les nouvelles techniques réside dans la possibilité de faire une sélection
sur le génotype lui-même et d'incorporer un gène déterminé dans un gènome
en laissant une part beaucoup plus faible au hasard.
- Des OGM pour quoi et comment faire?
Les techniques actuelles permettent d'aborder
l'amélioration des produits qui existent de façon beaucoup plus rationnelle
que ce qui etait fait jusqu'alors. Au lieu de procéder à de lentes et très
aléatoires modifications, il est maintenant possible d'introduire dans le
génome d'un organisme, un gène particulièrement intéressant, dont on connait
a priori l'incidence sur l'organisme. Par exemple, il est possible
d'introduire dans le génome d'une plante un gène lui permettant de résister
à un désherbant particulier. Mais pourquoi donc faire cela, me direz vous?
Et bien imaginons que ce désherbant soit un désherbant total, c'est à dire
qu'il empèche tous les végétaux de pousser. Un seul épendage de ce produit
sur le champ où l'on veut faire pousser notre plante transgénique et toutes
les autres plantes disparaissent, donc plus de plantes parasites et donc
des rendemeents bien meilleurs. En effet, le sol ne perd plus une partie
de ses réserves pour d'autres plantes que celles d'intérêts. Ainsi, la production
de cette plante peut-être rendu moins coûteuse et surtout moins polluante
car elle nécessite moins d'épendages. Car, en effet pour assurer les productions
d'aujourd'hui, il est souvent nécessaire d'utiliser une batterie de désherbants,
d'engrais et d'autres produits dont l'épendage est une part conséquente
du prix de production et à l'origine de gros problèmes environnementaux.
Outre l'utilisation pour améliorer les
rendements et faciliter la production de nombreux produits, on peut aussi
envisager de créer des produits qui se développeraient dans des conditions
inaccoutumées. Il est peut-être possible de créer des plantes se développant
avec très peu d'eau et ainsi de trouver une solution à certains des grands
problèmes de famines qui subsistent dans le monde. On peut aussi imaginer
créer des plantes qui détoxifient les sols ou fournissent de l'énergie.
En somme, les OGM constituent une voie d'investigation rationnelle à partir
des produits que nous connaissons déjà. On est donc bien loin ici de l'idée
de produits et de nourriture standardisés habituellement véhiculé par le
mot OGM.
Si l'on est sûr des possibilités des OGM,
il est vrai que l'on est encore loin d'avoir compris exactement comment
se déroule l'ensemble du processus, comme on ne sait pas encore le mode
d'action exact de l'aspirine ou de telle ou telle molécule médicamenteuse.
L'un des plus gros point d'interrogation reste la possibilité de dissémination
des gènes introduits au reste des plantes. Il y a en effet pour l'instant
très peu de données sur les mouvements génétiques entre les plantes. Quoiqu'il
en soit, les gènes introduits sont en très petits nombres et il faut une
forte sélection pour réussir à les conserver dans les graines que l'on utilise.
Il y a de grandes chances pour que, si ces gènes se retrouvent dans des
plantes sauvages cultivées dans des circonstances ne conférant aucun avantage
à ces gènes-ci, ils finissent par disparaître. Mais, il est clair que l'ensemble
de ces questions demandent de plus amples investigations. C'est pourquoi,
il est très important que des études sérieuses soient effectuées.
Les facteurs génétiques déterminent en
grande partie le devenir d'un être, mais il existe d'autres facteurs appelés
épigénétiques qui interviennent aussi dans le programme de constitution
d'un organisme. Ceci complique notablement l'étude des phénomènes, mais
depuis longtemps l'ensemble des techniques permettant de mettre au point
des OGM sont soumis à des analyses poussées. Un grand nombre de programmes
sont déjà en place depuis de nombreuses années, aucun n'ayant permis de
démontrer une quelconque nocivité alimentaire des OGM. On peut toujours
arguer que l'on a pas encore assez de recul comme pour le cas de la vache
folle. Les OGM sont, en effet, les victimes collatérales des nombreux scandales
alimentaires qui ont pu agiter notre pays. Il faut bien prendre conscience
que la situation de la vache folle et celle des OGM sont radicalement différentes.
Les données scientifiques sur la vache folle sont plus que parcellaires:
on ne connait que depuis peu le vecteur et sont mode de propagation échappe
totalement aux modèles courants de la biologie. En un mot, on y comprend
strictement rien. A l'opposé, si quelques points d'ombre subsistent pour
les OGM, ils sont les produits des techniques les plus contrôlées et les
mieux maîtrisées de la biologie moléculaire et comme on l'a vu leur impact
est proche des techniques agricoles ancestrales. Il faut donc bien se garder
de mettre dans un même sac, comme certains esprits simplificateurs, ces
deux sujets.
Outre la nécessité de maintenir l'ensemble
des techniques OGM sous surveillance (ce que la communauté scientifique
et des organismes d'états ne manque pas de faire ), le vrai problème que
soulève les OGM est un problème législatif et économique : celui de la brevetabilité
du vivant et de son commerce. En effet, les recherches nécessaire à l'élaboration
d'une plante particulière sont loin d'être sans coût. La plupart de ces
recherches sont financées par de grands groupes biotechnologiques qui veulent
pouvoir rentrer dans leur frais et on les comprend. Mais voilà, ils ont
simplement transféré un nouveau gène dans une plante. Cela leur donne-t-il
le droit de posséder le génome de cette plante et d'en tirer des dividendes
at vitam aeternam? Rien n'est moins sûr, le propritaire d'un étalon,
par exemple, fait payer la saillie, mais on achète du même coup l'ensemble
du patrimoine génétique et la possibilté de le perpétuer. Ces question constituent
le noeud véritable du problème des OGM, car il est clair que les énormes
possibilités de ces techniques en font des acteurs lucratifs de l'agriculture
moderne.
- Un monde économique
Bon nombre des problèmes d'agriculture
comtemporaine dans les pays industrialisés sont surtout des problèmes d'argent.
Il ne faut pas oublier que les immenses progrès techniques et les connaissances
acquises au cours du dix-neuvième siècle et de la première moitié du vingtième
siècle ont largement contribué à l'amélioration de la production agricoles
et permis ainsi d'éloigner le spectre de la famine. En effet, il est de
bon ton aujourd'hui de décrier une agriculture éprise uniquement de rendement,
mais ce sont ces bons rendements qui permettent enfin à l'humanité de pouvoir
subvenir globalement à ses besoins alimentaires. Bien sûr, nous sommes maintenant
confrontés à un problème de répartition, car les disparités de production
sont énormes. Mais, il n'y a pas si longtemps les capacités de production
étaient telles que l'on ne pouvait pas obligatoirement produire pour une
population sans cesse grandissante, même localement. Il est évident que
l'augmentation de la population mondiale est aussi lié aux possibilités
de production de nourriture, de même qu'aux développements médicaux. L'agriculture
et son industrialisation sont donc des variables maîtresses de l'équation
de l'évolution humaine.
On le voit tous les jours dans les journaux
le jeu économique à l'heure de l'Europe et de la mondialisation n'est pas
simple. Bon nombre d'intérêts sont en jeu. Et l'agriculture n'échappe pas
à la règle. Chacun s'arrange pour pouvoir exister, pour pouvoir survivre
compte tenu des lois et des us et coutumes en vigueur. Ainsi, la croisade
de José Bové, si elle est sous tendue par une idéologie que l'on peut soutenir,
est avant tout économique. Le déboulonnage du Mc Donald's de Millau qui
a fait tant de bruit est avant tout une action contre la surtaxation de
100% que les Etats-Unis venaient de décider contre un certain nombre de
produits européens, parmi lesquels le roquefort, principal débouché des
éleveurs de la région de José Bové. Chaque année la France vendait pour
30 millions de francs de roquefort aux Etats-Unis. C'est tout d'abord pour
défendre leur droit à la vente, leur place sur le marché que les producteurs
de lait de brebis étaient vraissemblablement présent à Millau et il n'y
a là rien de blamable.
Dans le combat économique titanesque qui
opposent l'ensemble des protagonistes des filières agricoles, chacun se
bat avec ses armes. Il est clair que les petits producteurs pésent moins
dans les décisions que les gros producteurs, de même que les petits commerces
ont du mal face à la grande distribution. Les avantages et les inconvénients
non seulement pour les protagonistes, mais aussi pour les clients sont difficiles
à percevoir. Il est tout à fait intéressant pour le débat citoyen que ces
problèmes soient l'occasion de réflexions éclairées sur le type d'évolution
sociale et économique que l'humanité à envie de voir se développer. Mais,
ce qui est intolérable, ce sont les arguments démagogiques et le mélange
des genres employés par certains personnages médiatiques comme José Bové
pour sensibiliser les gens à leur combat. La fin ne peut justifier les moyens.
- OGM et Nature.
Depuis quelques temps, il y a résurgence
de terme comme agriculture "biologique" ou agriculture "naturelle" qui sont
à proprement parler des non-sens. Qu'est ce que la nature? La nature, c'est
la mante religieuse qui coupe la tête de son mâle après les ébats. La nature,
c'est l'antilope qui boite qui sera abondonnée aux guépards. La vision idyllique
véhiculée par les termes d'agriculture biologique est tout simplement sans
fondement. Cette idéalisation vient, sans doute, du rapport particulier
que l'homme entretient avec sa nourriture. On confond le processus de production
d'un produit et sa qualité. Plus exactement, on présuppose qu'une nourriture
ayant mis plus de temps à pousser sera meilleure, ce qui n'est peut-être
pas du tout le cas. Ce qui est étonnant, c'est que pour d'autres sujets
la question ne se pose pas ou ne se pose plus. Le retour au "naturel" n'est
pas là. Rares sont ceux qui, par exemple, préfère se déplacer à pied ou
à vélo plutôt qu'en voiture. Cela même pour de petits trajets et en dépit
de l'incidence néfaste de la voiture sur l'environnement. Nous faisons des
choix en fonction des avantages réels conférés, avantages que nous sommes
en mesure d'expérimenter. Et il est toujours possible de choisir de se déplacer
à vélo. L'ensemble des choix est là. Vouloir faire croire aux gens qu'un
"retour" à l'agriculture traditionnelle est un bien incontestable, en jouant
habilement sur des erreurs graves de santé publique qui ont été comises,
me paraît être un jeu bien dangeureux.
Sans doute, l'industrialisation et la recherche
du rendement à tout prix n'ont pas été sans apporter leur lot de problèmes.
Mais, encore une fois, il ne faut pas perdre de vue que ce sont ces changements
qui ont été à l'origine du contrôle grandissant qu'il est possible d'avoir
sur la qualité de la nourriture. L'abandon de l'utilisation de certaines
techniques ou de certains produits pourraient au contraire générer la résurgence
de maladies qui avaient été éradiquées par les techniques utilisées.
Les OGM, nous l'avons vu ne sont pas moins
"naturelles" que les plantes comme le blé ou le soja qui sont issus de la
sélection humaine. Les techniques OGM pourraient, bien au contraire, répondre
à la double exigence de qualité et de rendement qu'impose la demande actuelle.
Pourquoi donc s'en prendre à une technique qui pourrait s'avérer une solution
de choix pour les problèmes auxquels nous allons être confronté? La Confédération
Paysanne et quelques autres ont voué aux gémonies les OGM en même temps
le veau aux hormones ou la vache folle sans discernement aucun. Les OGM
sont attaqués en tant que symbole de l'hégémonie des grandes sociétés américaines.
Il est louable et même crucial de se battre pour ses idées et de vouloir
en débattre, mais il est inadmissible que l'on vous présente des arguments
fallacieux. Oui, la plupart des OGM sont aujourd'hui produits par des grands
groupes industriels qui ont des positions de quasi-monopole. Oui, il est
possible, qu'organisés en lobbies, ces mêmes groupes essaient de breveter
le vivant et d'asseoir ainsi leur position dominante. Oui, les techniques
OGM doivent être contrôlées et suivies comme toutes les techniques ayant
un impact sanitaire. Mais ce sont justement ces arguments-là qui doivent
être mis en avant pour nourrir un véritable débat plutôt que d'assener aux
gens, dans un flou bien nuisible, haro sur les OGM. Car, Non, les OGM ne
sont pas une assurance de nourriture de mauvaise qualité et, Non, ils ne
représentent pas une agriculture "contre-nature".
- Conclusion
Bien évidemment, toute nouvelle technique
s'accompagne d'une cohorte de peurs et de questionnements nécessaires, et
les OGM ne font pas exception à la règle. Mais, il ne faut surtout pas se
laisser enfermer dans ces peurs. Comme nous l'avons vu, même si ces techniques
peuvent paraître complexes et étonnantes, elles ne sont pas très éloignées
de nombre de techniques utilisées par l'homme sans que cela pose le moindre
problème. Ces techniques sont parmi les techniques de biologie moléculaire
les mieux maîtrisées et font l'objet d'un nombre conséquent d'études, même
si des informations importantes ne sont pas encore connues. Ces techniques
sont, de plus, porteuses de possibilités énormes comme celles de nouvelles
plantes poussant dans les déserts ou de nouvelles plantes médicinales, voire
des plantes détoxifiantes ou sources d'énergie. Parce qu'elles sont le symbole
d'une vision discutable de la production et du partage des ressources dans
le monde, faut-il renoncer à ses techniques? Je ne le pense pas.
Il faut que l'ensemble des informations soient
à la disposition de tous, regarder les choses sans a priori. Il convient,
comme pour toute chose, de peser le pour et le contre calmement. La très
mauvaise presse que les OGM ont dans notre pays me semble lier à un manque
criant d'informations. Sans doute, les organismes reponsables n'ont-il pas
le temps ou alors les pressions diverses sont-elles trop grandes, quoiqu'il
en soit, cela me paraît fort dommageable et j'espère avoir contribuer à
amener quelques informations. Il ne s'agit, en aucun cas ici, de prôner
le tout transgénique. L'ensemble des techniques ont leur place et leur intérêt.
Le vélo et la voiture cohabitent toujours aujourd'hui, à chacun, selon ses
inclinaisons du moment, de choisir.