C'est bien parce que je ne suis pas d'accord avec tout cela
que je crois qu'une réflexion sur les racines et les moyens de la guerre
s'impose.Et si les petits gestes de chacun aujourd'hui préparaient
les guerres de demain ?
C'est parce que je crois que la guerre, demain, chez nous, est
un possible (et funeste) futur que l'on se doit de réflechir à
ce que chacun d'entre nous fait contre la guerre. C'est parce que je crois
que c'est un combat de tous les jours de maintenir la paix que je me propose
de lancer ici un débat sur les responsabilités de chaque citoyen
dans la naissance, l'entretien et le degré d'horreur d'une guerre.
Je m'en tiendrai à ce que je connais le mieux, à savoir le rôle
des scientifiques dans les processus de guerre, voire de paix. Le développement
du rôle des sciences dans les conflits du XXième siècle
ne fait aucun doute et il me semble plus qu'urgent d'évaluer la part
qu'y ont pris les scientifiques et d'engager ainsi une réflexion plus
générale sur l'inéluctabilité du progrès
au lieu de rester dans un optimisme béat qui consiste à répéter
en souriant que "le progrès est un bien pour l'humanité".
Je ne dis pas forcément le contraire mais cela est en tout cas loin
d'être une évidence !
Cette tribune, enfin, est une éloge de ce que j'appelerai
"la résistance citoyenne" à laquelle j'ai
déjà appelé dans mes précédentes tribunes.
Réflechir de façon rationnelle, en utilisant les connaissances
et les raisonnements scientifiques sur des problèmes politiques, voilà
une bonne façon à mon sens de résister à la propagande
inévitable de tout système politique (qu'il soit communiste,
capitaliste ou autre) !
- La technologisation de la guerre :
petit point historique
Pour commencer, parlons du XXième siècle qui vient de se terminer.
Force est de constater que ce siècle fut riche en conflits et que leur
ampleur a dépassé très largement celle des conflits antérieurs
: pertes humaines et civiles en particulier, étendue géographique
considérable ... Les sciences, et plus précisément les
technologies dérivées des sciences y ont pris une part de plus
en plus importante. Cela a commencé en 14-18 avec l'apparition des
gaz de combats et les débuts de l'aviation : on parlait alors de guerre
ou d'armes chimiques. le vocabulaire scientifique faisait son apparition
dans celui très peu poétique de la guerre. Cet état de
fait, loin d'être préjudiciable à la communauté
scientifique, renforca au contraire le rôle des chimistes notamment
dans le monde industriel.
Vient ensuite la guerre de 39-45 qui marque indéniablement un tournant
dans l'intervention systématique des scientifiques lors des conflits.
L'aviation devient primordiale, les radras font leur apparition, de même
que la radio comme moyen de communication à distance et bien entendue
l'épisode de la fabrication puis l'explosion de la première
bombe nucléaire vient clore ce conflit qui a couronné de gloire
les physisciens plus particulièrement. On commence à parler
de guerre scientifique (on dira de cette guerre, qu'elle fut celle des
physiciens). Là encore, loin de discréditer à court
terme les scientifiques, ces faits d'armes les ont propulsés, en occident
au moins, vers des responsabilités et des budgets de recherche collosaux.
Ce conflit marque également un tournant fondamental : si lors de la
guerre de 14-18, seuls quelques scientifiques marginaux ont contribués
au développement d'armes chimiques, lors de la guerre de 39-45, ce
sont les scientifiques eux mêmes, en tant que citoyen d'un état
(on disait plus volontier "patrie" à l'époque)qui
sont intervenus volontairement, en masse .Il ne s'agit plus seulement de l'utiliastion
à des fins destructrices de résultats antérieurs des
sciences par des militaires cinglés mais de recherche appliquée
aux besoins et volontés des armées. Les scientifiques eux mêmes
se sont donnés un rôle politique (ce qui est plutôt bien
en soi) et ont choisi à dessein d'utiliser leur savoir pour détruire
et non plus construire (et là c'est beaucoup plus discutable!).
Dès lors, c'est la guerre froide entre les 2 géants américains
et soviétiques qui prend le relai. Même si il n'y eut pas de
conflits armés direct entre les 2 états, la plupart des historiens
aujourd'hui reconnaissent à cette période le statut de véritable
guerre. Une guerre qui ne fut pas armée mais une guerre technologique,
fondée sur l'affrontement indirect de ses communautés savantes
respectives pour remporter une illusoire victoire universelle et définitive
sur l'humanité toute entière. On est à l'époque
de l'affrontement de 2 systèmes globaux : le communisme d'un côté
et le capitalisme de l'autre (pas la démocratie, que l'on ne s'y trompe
pas ...). Tous deux aspirant à être des systèmes de société
universels, valables pour tous les hommes. Le combat se plaçaient dès
lors sur le plan du savoir en général et de la technologie en
particulier et la victoire se devait d'être totale. Durant toute cette
époque qui dura près de 40 ans (1949-1989) les véritables
armées furent celles constituées par des scientifiques, pas
toujours au courant de ce à quoi ils servaient non plus, car le fondement
des armées est d'en dire le moins possible à ses soldats! Pensez
donc ! Si ils savaient l'horreur de la vérité, ils arrêteraient
surement...peut être!
Quoique il en soit et nous y reviendrons dans la suite, la plupart des crédits
aloués à la recherche durant cette période eurent comme
principale justification, celle de devancer l'autre dans la conception d'armes
de plus en plus destructrices (jusqu'à l'absurdité) ou de systèmes
d'information capables de connaître les intentions de l'autre. Le développement
d'Internet, de la météorologie satellitale, de l'informatique,
de la sismologie, de la poêle Téfal (véridique!) n'ont
eu au départ d'autres justifications et sources de financement que
militaires !
La guerre froide a pris fin mais pas l'escalade de la recherche scientifique.
Que cela soit bien claire : la recherche scientifique est loin d'être
un mal en soi mais la recherche scientifique sans moralité comme
elle s'est déroulée lors de la guerre froide (pas de
remise en question de la part des scientifiques des sources militaires de
financement et des applications technologiques attendues de ces recherches
pour écraser l'adversaire de sa superiorité) est une catastrophe
pour l'humanité à court terme (on voit bien l'état
du monde au sortir de cette guerre froide)et pour la science elle même
à long terme qui y perd son indépendance, sa force morale, sa
poésie et sa crédibilité au sein de l'opinion publique.
Croire ainsi que tout technologisation de la guerre a cessé, c'est
oublier le discours de ces dernières années parlant de guerre
bactériologique, de frappe chirurgicale, d'espionnage
électronique...autant d'expressions où les termes scientifiques
employés traduisent bien cette obsession toujours tenace de faire de
la guerre un vecteur de progrès.
- L'omniprésence du pouvoir militaire
dans le sillage du progrès
Depuis le moyen âge déjà les armées s'emparent
ou suscite le progrès technique . Ainsi l'apparition de l'arbalète
a constitué à l'époque un accroissement considérable
de la portée et de la puissance des armes , le débat était
lancé (par l'église notamment) sur le bien fondé de l'intervention
de la technologie dans ce que l'on appelait "l'art de la guerre".
L'église a vite fait taire ce débat lorsque elle s'est aperçue
de l'avantage qu'elle pouvait tirer de cela lors des croisades... La politique
étouffe bien souvent les considérations morales !
Il serait bon de se demander pourquoi la technologie (en 14-18) puis la recherche
scientifique (en 39-45) se sont ainsi mêlée de ce qui ne les
regardait pas...Sont ce les scientifiques qui, spontanément , se sont
mus en guerriers ? Oui et non ... Sont ce les militaires qui sont venus
faire la cour aux scientifiques pour qu'ils leur fassent partager leur savoir
? Assurément oui ! Ainsi les scientifiques ne sont pas étrangers
du tout à l'utilisation de leurs travaux à des fins militaires
et plus précisément de destruction . Il convient d'abord d'analyser
le rôle des militaires dans cette dérive des sciences. Du moins
ce que moi je considère comme une dérive ! Par rapport à
l'esprit des lumières ça en est assurément un
!
Leur rôle ne date pas du XXième siècle, loin s'en faut.
Depuis bien longtemps les armées font et surtout défont le monde
! Dès le XVIème siècle, Léonard de Vinci, himself,
dessine et pense des armes nouvelles (du sous marin aux ogives asphyxiantes
!) au profit de princes (Ludovic Sforza notamment). La logique de Vinci consistant
à dire que "perfectionner l'art de la guerre pour fortifier
le pouvoir d'un prince lui (me) permettait d'avoir ainsi un protecteur"
comme tous les artistes, savants et poète de cette époque.
Voilà le noeud de l'affaire : il s'agit de trouver un protecteur pour
disposer de temps et de moyen pour se consacrer à son "art"
avec la contrepartie de servir les intérêts du dit protecteur.
Et le pire c'est que l'argument tient toujours au XXième siècle
: quel meilleur protecteur des scientifiques que le pouvoir militaire qui
dispose d'appuis politiques forts et de crédits astronomiques dont
ils n'ont à rendre compte quasiment à personne puisque ils s'entourent
du sacro-saint "secret-militaire" !?
Ainsi au cours du XXième siècle, les militaires ont semblé
comprendre très tôt l'avantage qu'ils pouvaient tirer des facultés
de la communauté scientifique si ils en faisaient un allier.
Pendant les périodes de guerre, les militaires jouent sur le patriotisme
des uns et des autres pour les enrôler à des postes correspondant
à leur savoir-faire scientifiques (beaucoup de chimistes en 14-18,
beaucoup de physiciens ensuite). Et si certains résistent, on les menace
de les envoyer "au front"...efficace.
Autre argument de poids des militaires : des crédits sans fond ! Les
militaires financent, notamment durant la guerre froide , toute recherche
fondamentale pouvant mener à plus ou moins long terme à une
application militaire. Et tant pis si ça n'aboutit pas, "ça
servira toujours pour les civils" ...et on pourra dire "vous
voyez, la recherche militaire a du bon !" : il en est aller ainsi
du revêtement des poêles Téfal qui au départ devait
fournir des revêtements anti perforation pour les chars d'assaut. Des
sommes colossales ont été englouties , ça n'a rien donné
pour les chars mais on a fait des poêles !
Des exemples qui ont davantage porté leurs fruits sont ceux de l'informatique.Aux
états unis, le développement des ordinateurs a été
dès les années 1940 entièrement financé par les
militaires dans le but de pouvoir calculer des trajectoires de missiles en
temps réel puis après la guerre, traiter les informations issus
de l'espionnage électronique et assurer la coordination d'une défense
anti aérienne de tout le territoire américain. Qu'importe que
le projet n'ait aucune chance d'aboutir sérieusement : le principe
de réalité ne s'applique pas aux militaires de la guerre froide
. Ils ont des crédits, des scientifiques enthousiastes à l'idée
de développer des programmes de recherche ambitieux alors ils essayent
tout...et n'importe quoi.
Il me semble que la prouesse (sur le plan technique) de fabriquer une bombe
nucléaire à partir de rien et ce en moins de 4 ans a inhibé
les derniers scrupules des scientifiques et des militaires américains.
Ils se sont crus tout puissant, les politiques leur ont laissés croire
et se sont ainsi servis des scientifiques pour mener une guerre technologique.
Cette situation ne fut pas celle des seuls Etats unis. Leurs alliés
ont copié le système et les soviétiques se sont vus obligés
de rivaliser et ont lancé très vite des programmes visant à
acquérir une bombe nucléaire : 3 ans après ils l'avaient
! L'importance donnés aux scientifiques dans l'ex URSS fut telle qu'ils
avaient même une influence politique, sur les orientations du parti
communiste lui même, pourtant pas réputé pour avoir été
très souple ! C'est ainsi que les soviétiques ont même
pris une longueur d'avance : premier satellite, premier homme dans l'espace.
Et rebelotte, les états unis s'inquiètent, réagissent
en terme de formation du jeune public et d'investissements accrus (militaires
notamment) : ils seront les premiers sur la lune...
Tous ces programmes scientifiques (homme dans l'espace, sur la lune,
satellites...) qui servent à donner une image positive et humaniste
des sciences ont tous été fait dans le seul but d'assurer la
domination militaire d'un pays sur un autre. Ca fait réflechir et nous
donne une idée de la forme prise par la propagande pro-scientifiques
: la destruction massive emballée dans un
rêve humaniste .
Pire que ça, bien pire que ça. La mane d'argent militaire a
conduit au développement de programmes tellement cyniques que les inventeurs
des gaz asphyxiant de 14-18 mériteraient le prix Nobel de la paix à
côté de cela ! Et bien sûr des scientifiques se sont pliés
à ce jeu. Nous allons y venir (chacun en prendra pour son grade...si
j'ose dire!).
Quelle révolution que l'apparition des herbicides dès le milieu
de la deuxième guerre mondiale...C'est le début d'une agriculture
efficace et productive.Qui sait aujourd'hui que ces herbicides ont pour origine
un programme militaire ultra secret (dirigé par Erza Kraus à
chicago)?
Le but de ce programme au départ ? Défolier le Japon (et ses
habitants), rien de moins ! C'est finalement 2 bombes nucléaires qui
seront lâchées sur le Japon, on le sait. Sans doute parce que
dans ce cas les applications civiles sont allés plus vite que les applications
militaires qui n'aboutiront qu'à la fin de la guerre. C'est le vietnam
qui aura le triste privilège de tester l'efficacité militaire
de ces herbicides.
Durant la deuxième guerre mondiale, une théorie mathématique
a été développée par les militaires et les scientifiques
associés : la théorie des jeux. Théorie très sérieuse
malgré son nom et qui visait à "optimiser par le calcul
les ressources tant matérielle qu'humaine lors d'un conflit".
Si vous avez plus cynique... Et c'est en partie pour cela que les ordinateurs
ont été développés aussi !Je pourrai multiplier
les exemples des dérives occasionnées par l'omni-présence
des militaires dans l'environnement des sceintifiques, jusqu'à en faire
de bon petits soldats, aprtant à la "guerre" en sifflotant,
la fleur au fusils.
Retenons seulement ceci de l'histoire, annoncer 30 ans avant la première
guerre mondiale par Robida (dessinateur) qui affirme clairement "qu'il
n'est aucune voie ouverte par la science que n'exploreront les militaires".
Ce fut malheureusement désastreusement visionnaire.
Cela a de quoi inquiéter en ces temps de regain de tension internationale.
Tout sera bon pour nous faire accepter les pires dérives dans la recherche
scientifiques à des fins militaires : guerre bactériologique,
clonage... soi disant pour assurer notre sécurité. C'est cette
logique là, associée à une géopolitique conquérante
qui a crée les instabilités en Afrique, au moyen-orient et la
montée des fanatismes de part le monde. Je ne l'oublie pas.
Apprenons à nous méfier d'un gradé militaire qui dit
vouloir notre bien. J'en veux pour preuve la récente déclaration
du parti républicain des Etats-unis, indiquant qu'on ne devait plus
aujourd'hui se gêner pour utiliser l'arsenal nucléaire contre
les fameux états voyous... (L'enfer c'est les autres disait Sartre
!). Petit extrait donc tiré du canard enchaîné du 13
novembre 2002 :" il est temps de mettre au point un dispositif
nucléaire dans un monde où la guerre froide et la dissuasion
sont définitivement révolues.Il ne faut plus désormais
se priver, si besoin, d'utiliser l'arsenal nucléaire"....Autre
détail croustillant :"vous verrez bientôt en action des
armes dont vous n'avez même pas idée.". Et il y a bien
fallu des gens pour les concevoir ces armes ! Ils ne s'en vantent que rarement
en public, sauf dans les contextes de regain de patriotisme...
- L'irresponsabilité de la plupart
des scientifiques face à leur recherche
On arrive là au coeur du problème : les scientifiques sont ils
complices du développement des armes? En d'autres termes, sont ils
responsables de l'utilisation qui est faite de leurs recherches ? Difficile
question à laquelle je ne pourrai répondre que de façon
partielle et sans doute partiale !
A ce stade, il est indispensable de distinguer clairement deux termes de
vocabulaire : "la science"
et "les scientifiques". En effet,
on peut sans conteste dire que la science, plus précisément
les types de raisonnements propres aux sciences (esprit critique, art du doute
donc, préséance de la raison sur la passion) peuvent avoir une
utilité non négligeable dans le processus de discussion, voire
de négociation entre les hommes ou les états. A l'issu de la
seconde guerre mondiale, de nombreux scientifiques ont été intégrés
à des groupes de décisions politiques (aux Etats-unis notamment)
afin d'amener plus de rationalité dans la gestion des conflits.
De même, des groupes internationaux pacifistes "les Pugwash"
sont nés pour lutter contre la prolifération des armes nucléaires,
avec pour seule "arme" si j'ose dire, le raisonnement scientifique.
L'espoir, à la sortie de 39-45 était donc de voir naître
une communauté internationale sur le modèle du fonctionnement
des sciences, capable de résoudre les conflits par l'exercice de la
raison. Douce utopie qui n'a pas résisté une seule seconde aux
patriotismes, aux fiertés et autres passions. Il est indéniable
que les sciences constituent un modèle séduisant de fonctionnement
car seule la vérité expérimentale a droit de citer.
Le problème reste et restera que les sciences sont
faites par des scientifiques. Et que les
scientifiques comme tout autre citoyen ont des opinions politiques, croient
ou non en des idéologies, sont généreux ou ne le sont
pas, sont belliqueux ou ne le sont pas. Le personnage du scientifique idéalisé
pendant la guerre froide, idôlatré même, n'est pas une
réalité. Les scientifiques ne savent pas plus que d'autres résister
aux passions et aux préjugés, à fortiori quand leur pays
est en guerre : c'est bien souvent volontairement qu'ils proposent leurs compétences
au pouvoir militaire.
Pire que cela une grande majorité de scientifiques ne se préoccupe
pas de savoir si leurs recherches ont ou auront une responsabilité
dans l'évolution de notre société.
Beaucoup de scientifiques sont des gens plus passionnés que la moyenne.
Cela en fait une communauté originale, très efficace dans son
fonctionnement, ne regardant ni le temps ni l'énergie passé
au travail mais n'ayant pour seul but que l'avancée de leur recherche,
que de faire progresser la connaissance. Le revers de la médaille existe
: la passion du savoir peut aveugler l'homme qui est derrière et le
conduire a ne plus se rendre compte de la portée réelle ou potentielle
de ses actes et en particulier des applications militaires de ses recherches...
Souvenez vous : "il n'est aucune voie ouverte par la science que n'exploreront
les militaires"... Même des gens amoureux du genre humain,
de la beauté et la pureté des sciences en vinrent à contribuer
en toute connaissance de cause, à cette logique militaire dans le domaine
des sciences. je citerai Feynman, qui participa avec une légéreté
déconcertante au projet de conception de la première bombe nucléaire,
comme s'il s'agissait seulement d'un défi intellectuel : résoudre
en 2 ans des problèmes théoriques et partiques gigantesques.
L'ampleur du défi l'emportant sur toute considération morale,
dont il s'affranchira en disant que la société n'a qu'à
savoir, elle , se qu'elle doit faire de ses découvertes, sans jamais
se dire qu'il était lui aussi un citoyen (pas seulement un patriote)
et qu'il aurait peut être du s'interroger , lui, sur ce qu'il convenait
ou non de faire en collaboration avec des militaires ...
On pourra me reprocher d'être simpliste mais parmi ces physiciens qui
travaillèrent à Los Alamos à la conception de la première
bombe nucléaire, qui ignorait l'application qu'aurait leur recherche
théorique ? Qui ignorait que cette bombe finirait sur la tête
d'un allemand ou d'un japonais ? Qui ignorait que derrière une connaissance
enthousiasmante sur la constitution de la matière se cachait, à
peine voilée, la mort de millions d'êtres humains , de gens qui
eux aussi ont pensé, aimé et se sont enthousiasmés avant
de redevenir poussière, balayés par l'énergie de la bombe
et le vent de l'histoire ? Personne !
On pourra toujours me reprocher d'être naïf mais outre des marchands
et des hommes politiques, il y a tout de même des scientifiques (des
gens qui se réclament de cette logique en tout cas) derrière
les conceptions ultrasophistiquées de chars d'assaut, de drones, d'avion
de combat, de bombes à neutrons, de mines antipersonnelles. On n'y
pense pas assez à cela mais il y a des gens qui fabriquent ces armes,
chaque jour, qui offrent volontairement leur savoir faire, leurs connaissances
et leurs capacités de recherche pour la fabrication et le perfectionnement
de ces armes. Et chaque jour, chaque matin, ils savent ce qu'ils vont faire
dans la journée : participer à la conception de nouveaux moyens
de destruction du genre humain mais ils n'y pensent pas, eux, pas assez.
On me dira que c'est une minorité mais je n'en suis pas sûr du
tout : on n'imagine pas la quantité de recherches financées
par ou pour les militaires. Je ne parle ici de la recherche appliquée,
celle qui a pour but direct de perfectionner les instruments technologiques
existants ou d'en inventer, mais le raisonnement est applicable aussi à
toute recherche, y compris théorique, dans des domaines qui intéressent
ou intéresseront à coup sûr les militaires : biochimie,
génie génétique, informatique bien sûr, nucléaire,
laser de puissance et j'en passe...
Tous ces chercheurs là
(les 3/4 pour ainsi dire) doivent se poser et répondre en eux mêmes
aux questions suivantes: ce que je fais, ce que je trouve, a qui ou à
quoi cela peut-il servir ? Cette utilisation est elle morale ? Est elle bonne
pour l'humanité ou dit en d'autres termes , est ce un progrès
(car une addition de connaissances n'est pas forcément un progrès!)
? Si je ne vois pas d'application directe à mes recherches, je me dois
de regarder qui me finance et de me demander pourquoi il le fait ?
Et là j'accuse la majorité
des scientifiques de ne pas se poser ces questions . Pire on me répond
souvent qu'un scientifique, un chercheur en particulier n'a pas à se
poser ces questions là, qu'il doit faire ce qu'il sait faire (chercher,
trouver et communiquer ses résultats), qu'il n'a pas à prendre
en compte d'autres arguments que scientifiques en ligne de compte pour l'orientation
et la poursuite de ses recherches. Or, outre qu'ils se trompent grandement
en me disant cela (en particulier en oubliant trop vite l'histoire qui a montré
que les pressions extérieures sont déterminantes dans l'orientation
de ces dites recherches), ils refusent au scientifique son droit et son devoir
d'être un Homme. C'est répondre à une logique historiquement
révolue qui a cherché à sacraliser le personnage du scientifique
pour n'en faire qu'un bon petit soldat, efficace et amoral. Le vent a tourné,
les masques sont tombés, nul n'a plus le droit d'ignorer les horreurs
du siècle passé où la science a eut sa part de responsabilité.
Personne ne voit le prix exorbitant (et peut être bien justifié)
que la science a désormais à payer pour l'irresponsabilité
des scientifiques du XXième siècle qui se sont vus, à
travers le prisme des guerres, tout puissants : un discrédit profond
de ses valeurs au sein de l'opinion publique.
J'accuse la majorité des scientifiques et chercheurs d'irresponsabilité
face à l'histoire de l'humanité. J'accuse tous ceux qui de près
ou de loin donnent les moyens de puissance à des états ou des
armées, j'accuse ceux d'entre eux qui nient leur devoir de s'interroger
sur l'aspect non scientifique de leur recherche, j'accuse enfin ceux qui savent
tout cela mais ne disent rien, je les accuse donc de ruiner l'avenir de la
science et par là du savoir de l'humanité.
Je les accuse de revendiquer leur amoralisme , c'est à
dire de se cacher derrière les bonnes intentions affichées de
la science, héritées du siècle des lumière
pour ne pas à avoir à se positionner eux, en temps que citoyen,
sur leur recherche.Je ne suis pas sûr en effet qu'une majorité
de scientifiques est immorale, offrant ses services au projet les plus destructeurs
mais je ne crois pas non plus à la sincérité des déclarations
de scientifiques affirmant que leur recherche participe à l'amélioration
globale des sciences. Beaucoup s'en moque et se préoccupe ici d'une
carrière, là d'un ego surdimensionné, d'autres enfin
revendiquent le seul droit de se faire plaisir à découvrir des
choses neuves. Trop de scientifique ont occulté l'humanisme qui a prévalu
au développement des sciences occidentales.La science
est sans doute amorale mais les scientifiques ne peuvent et ne doivent pas
l'être !
Car, que l'on se trompe pas sur mon propos, loin de moi l'idée de nier
la nécessité de la science, encore moins celle de la recherche
scientifique, y compris la recherche dont on ne sait pas à l'avance
sur quoi elle aboutira mais qui peut être un passage obligé pour
le progrès global du savoir. Le mot progrès étant ici
entendu comme "créer du sens"... Mon seul
propos est d'affirmer que la recherche scientifique ne peut plus se prétendre
au dessus de tout : de l'économie, de la culture, de l'écologie,
du souci même de savoir comment seront utilisés les résultats
de ces recherches. Les scientifiques doivent sortir de leur bulle et communiquer,
faire partager leurs enthousiasmes, demander conseil sur l'opportunité
de telle ou telle recherche pour être sûr d'échapper à
toute manipulation historique.
Rabelais avait, aux commencements de la science moderne, bien résumé
tout cela : "science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
Le style est un peu vieillot, le sens apparemment un peu naïf mais je
crois qu'une vérité se cache derrière cette phrase, une
vérité que tous nous ignoront. Il n'y a rien d'autre que ça
à dire : il faut vivre en agissant plutôt qu'en se résignant
mais il faut à tout moment être conscient des conséquences
de ce que nous faisons et se demander si ce que l'on fait n'est pas en train
d'avoir l'effet inverse de ce que nous voulions faire. Par exemple, beaucoup
de scientifiques se justifient en affirmant faire progresser le savoir de
l'humanité, ce qui bien souvent est vrai mais ce savoir fait il avancer
l'humanité vers des valeurs universelles telles que le partage, l'égalité,
la liberté de faire et de dire? Vous l'aurez compris, je n'en suis
pas convaincu. Que l'on me convainct donc du contraire !
- Eloge de la capacité
de résistance qu'offre le raisonnement scientifique
Après cette partie en forme de réquisitoire contre l'organisation
scientifique moderne, il convient de rappeler que les scientifiques ne sont
pas la pire engeance de l'humanité ! Qui aime bien chatie bien
dit le proverbe... Et je ne serai pas fier d'avoir quelques liens
et affinités avec le monde des sciences si je n'étais pas convaincu
du progrès qu'elles peuvent apporter à l'humanité. Pas
du progrès entendu comme avancée technologique de plus
en plus importante mais comme perfectionnement de la capacité de
la pensée humaine à produire du sens !
Il est bon je crois, de désacraliser le chercheur : c'est un être
humain, un être social avant tout dont le travail est nécessairement
lié au fonctionnement du monde politique. En France par exemple, le
CNRS (centre national de la recherche scientifique) est un organisme d'état
et les recherche financée ne le sont jamais contre le grès de
l'état bien entendu. Le chercheur est libre ... enfin tant qu'il travaille
dans le sens définit par l'état. Cela dit, la France au moins
est un pays réellement démocratique et il n'y a pas de contrôle
"stalinien" des recherches effectuées mais l'on ne peut nier
l'influence politique sur le monde de la recherche. Quoiqu'il en soit, cette
recherche, même encadrée par un état ne peut se faire
sans les chercheurs eux mêmes et ils constituent donc le seul sinon
le meilleur rempart face à une dérive militaro-industrielle
de la science. Cette recherche scientifique ô combien exigeante (et
mal rémunérée) forme des esprits aiguisés au jeu
intellectuel donc en théorie capable de remmetre en question ce qu'il
cherche.Les exemples historiques de scientifiques aux services de militaires,
d'industriels ou plus prosaïquement de leur carrière sont plus
nombreux que ceux sachant résister aux pressions politiques et historiques.
Toutefois ce sont ces derniers exemples que nous devons retenir pour penser
ce que doit être la recherche de demain.
L'histoire des sciences du XXième siècle offre quelques exemples,
hélas trop rares, de la force morale que peut avoir
la rigueur scientifique. Je n'ai pas été tendre avec
les scientifiques en général et leurs comportements durant le
siècle passé et pourtant celui de quelqu'uns d'entre eux se
doit d'être souligné et montré en exemple. Il y eut des
scientifiques qui ont su résister, jusqu'au bout, aux sirènes
des militaires et des régimes politiques de tous bords. Ces scientifiques
là ont fait preuve d'un courage politique exemplaire et ont incarné
l'honnêteté intellectuelle, montré qu'elle devait aller
jusqu'à l'abandon de recherches dont on savait ce qu'il en adviendrait
(bombes, armes chimiques,...). Ces gens là ont pour nom, Van der Vink
aux états unis, Sakharov en Union Soviétique, Joliot-curie en
France pour n'en citer que trois emblèmatiques.
Pour simplement resituer les faits Van der Wick refusa d'affirmer que les
relevés sismologiques qu'il avait fait était le résultat
d'essais nucléaires soviétiques souterrains, avalisant alors
une violation du traité les interdisant et qui aurait alors justifié
un surarmement des Etats-unis...C'était pendant la guerre froide bien
sûr et il était de bon ton à l'époque d'aller dans
le sens d'une diabolisation systématique du géant soviétique,
au mépris de toute réalité, juste pour entretenir la
peur de l'autre...
Sakharov fut un dissident soviétique qui rêvait de changer le
système soviétique de l'intérieur, critiquant par des
textes courageux l'irrationnalité des décisions politiques de
son pays. Il milita, tout comme Einstein et Szilard, contre l'arme nucléaire
et l'absurdité de la stratégie de dissuasion, alors même
qu'il était pris dans le tourbillon de la course aux armement en tant
que spécialiste de l'énergie nucléaire en URSS. Il expliqua
très bien qu'en lisant une nouvelles de Szilard (scientifique américain
d'origine hongroise oppposé à l'utilisation de la bombe)il prit
conscience du caractère indéfendable de la participation de
scientifiques raisonnés à de tels programmes..Il fut dès
lors un acteur de la liberalisation du régime soviétique et
de la défense des droits de l'homme dans son pays et dans le reste
du monde.
Joliot-Curie fut lui, à l'origine des premières découvertes
sur l'énergie nucléaire et de l'intuition de ses potentialités
pour l'humanité. Il réalisa avec son équipe la première
réaction en chaîne avec de l'uranium, c'était la pile
Zoé, précurseur des réacteurs civils nucléaires.
Bien sûr à la sortie de la deuxième guerre mondiale, l'ambition
d'indépendance de l'état français, incarné par
le général de Gaulle conduisit à la création du
CEA (commision à l'énergie atomique), débloquant ainsi
des crédits considérables pour la recherche dans le domaine
nucléaire qu'il ne faut pas, je le précise, forcément
diaboliser (voir à ce propos cette tribune là).
Cela dit l'origine des crédits ne laissait pas vraiment de doute possible
et lorsque Joliot-curie, alors directeur du CEA compris que le but ultime
de l'état par la création de ce CEA n'était pas l'exploitation
civile de l'énergie nucléaire mais bien son exploitation à
des fins militaires, que l'on fit pression sur lui pour qu'il conserve sa
place (en le menaçant notamment de ruiner sa carrière), il démissionna
néanmoins de son poste et fit des déclarations courageuses en
ces temps de guerre froide sur la prolifération nucléaire, l'utilisation
de ces armes là et sur la responsabilité des scientifiques dans
les programmes de recherche appliquée auxquels ils participent.
Ils ont tous payé leur résistance aux pressions politiques
de leur carrière. Cette résistance
aux partisans de l'utilisation de la science pour accroître la puissance
d'un état, reste encore aujourd'hui des démonstrations
rares mais remarquables de rigueur scientifique, d'honnêteté
intelectuelle et pour résumer de courage !
- Entre connaissance et obscurantisme,
où se situe donc le progrès ?
Quelle solution pour l'avenir de la recherche scientifique ?
Cette tribune aurait elle pour fonction de montrer que toute recherche scientifique
doit cesser ? D'affirmer que les sciences ne conduisent qu'à la perte
de l'humanité ? cette tribune voudrait elle encourager le triomphe
de l'obscurantisme sur la connaissance ?
Surement pas ! La science est assurément un progrès considérable
dans l'histoire de l'humanité, une façon de penser, de voir
et d'analyser le monde, qui donne du sens à l'existence de l'Homme,
qui lui redonne sa juste dimension dans l'univers, celle d'une poussière
d'étoiles (pour parodier H. Reeves)... Ce que je dis, c'est simplement
mais de façon non triviale, que l'addition de connaissances n'est pas
forcément le progrès ! Qu'acquérir
sans cesse de nouvelles connaissances sans qu'elles contribuent à créer
du sens, aussi bien politique, sociologique, humanitaire, écologique
que scientifique n'est qu'un leure conduisant à la suscpicion toujours
plus grande de l'opinion publique envers la finalité des sciences.
La méthode scientifique du siècle des lumières, encore
en partie à l'épreuve aujourd'hui, fut un véritable progrès
pour la pensée raisonnable de l'Homme. En revanche la confiscation
au XXième siècle, et ce dès le début de la guerre
de 14-18, de la science par les scientifiques puis par les militaires et enfin
par les industriels, tout cela avec la complaisance d'une majorité
de scientifiques, cette confiscation marque à mon
sens un grand recul de la science qui fut durant ce siècle davantage
facteur et synonyme d'avancées technologiques que de véritables
progrès pour le genre humain.
Mais il convient de réagir au plus vite, en commençant par ne
pas jeter le bébé avec l'eau du bain en intéressant chaque
citoyen à la pensée scientifique, en offrant ses trésors
à tous, en communiquant et en faisant comprendre ce que font les chercheurs
et pourquoi ils le font.C'est ce qui est fait sur ce site avec la
tribune du chercheur de Thierry Chanelière, vous pouvez
aller voir !
Ces chercheurs seront alors exposés à la critique (qui doit
être raisonnée et argumentée !) de non spécialistes
des sciences, de citoyens et non plus d'états ou d'institutions, la
recherche a tout à y gagner en terme de crédibilité auprès
de l'opinion publique et cette critique extérieure peut servir de garde
fou que les scientifiques eux mêmes, enthousiastes par nature, n'aurait
pas su ou pas pu voir ? Si l'on croit aux vertues de la démocratie,
pourquoi ne pas en étendre les principes au fonctionnement de la recherche
scientifique ? Et si l'on veut qu'un peuple prenne des décisions raisonnées
et intelligentes, ne serait il pas indispensable de lui faire profiter du
savoir crée indéniablement par les scientifiques plutôt
que de lui laisser uniquement son corollaire abrutissant d'avancées
technologiques?
Je crois , en tant que citoyen-scientifique, que la recherche scientifique
mondiale se doit de réagir et de changer son fonctionnement, ses priorités
et ses modes d'évaluation. Les chercheurs doivent davantage prendre
au sérieux leur rôle d'enseignement qu'ils ont dans toutes les
facultés (françaises en tout cas) mais qui n'est pas reconnu
comme une partie essentielle de leur travail et donc trop souvent négligé.
Après ce siècle de désastre dans lequel les scientifiques,
à moins d'être complètement malhonnêtes, ne peuvent
que reconnaître leur part de responsabilité, notamment celle
d'avoir cédé aux passions, qu'elles soient patriotiques ou scientifiques...
Les chercheurs doivent d'urgence approfondir leur réflexion sur
l'éthique de leurs partiques, à la fois sur le plan collectif
(là, le processus est déjà engagé) et sur le plan
individuel. Bien entendu, cette notion d'éthique ou de moralité
des recherches faites est complètement dépendante de la société
et de l'époque dont on parle mais il est bien clair qu'il est
inadmissible d'entendre certains scientifiques revendiquer leur indépendance
d'esprit, leur dévouement au progrès quand ils sont liés
de manière forte à des lobbies industriels ou militaires. Ce
type de scientifiques qui croient devoir et pouvoir assumer seuls la responsabilité
de l'orientation d'une recherche sont à mon avis dans l'erreur. Les
états, les armées ou industries (selon les pays) se chargeront
(et se chargent déjà) d'infléchir leurs choix et ils
perdent déjà, sans même le savoir l'indépendance
d'esprit qu'ils ont toujours revendiquée comme une caractéristique
fondamentale de leur situation.
Seuls les scientifiques qui s'obligent à réfléchir aux
jeux politico-financiers complexes dans lequels ils sont nécessairement
pris, seuls les scientifiques qui ont une vision résolument pacifiste
, seuls les scientifiques qui acceptent d'écouter l'avis du citoyen
raisonné sur leur recherche m'intéressent. Et ils existent ces
scientifiques! Si la science de demain doit être sauvée de l'obscurantisme,
nous leur devrons. Ma vision du monde est utopique, sans doute mais je refuse
de confondre réalisme et fatalisme. Le monde (des sciences en particulier)
n'est pas comme je le rêve, cela ne m'empêche pas de contribuer
modestement à essayer de le faire changer dans la direction qui me
semble la bonne.
Sujet bien vaste que celui ci... Tellement vaste qu'il n'est pas évident
de trouver des références qui parle de sujet en particulier. Toutefois
on trouvera sur le web, nombre de sites sérieux retraçant la vie
et le courage de quelques scientifiques qui ont su faire de la science avec
moralité, quitte à ruiner parfois leur carrière... J'en
donne quelques exemples en 3.
Par contre, aucune référence bien sûr concernant les imbrications
actuelles de la science et de l'armée : "secret défense"
!