Le pendule à tout faire

La radiesthésie en questions

Généralement, quand on parle de radiesthésie, on imagine un pépé à chapeau paysan concentré sur sa baguette fourchue pour trouver une source dans une montagne aride. Mais la radiesthésie, c'est bien plus vaste que ça. Nous allons faire un rapide tour d'horizon des capacités présumées des radiesthésistes, puis tenter de voir si ça marche et comment ça marche.


Références :


Annexe : comment s'arranger avec les statistiques, par Yves Rocard.

Dans le chapitre « Expériences en aveugle » de son livre « La science et les sourciers », Yves Rocard décrit ses expériences. L'expression « en aveugle » signifie que le radiesthésiste n'est pas au courant de ce qu'il est censé percevoir. En l'occurrence, il s'agit d'un champ magnétique créé par un système de bobines. En inversant le sens du courant électrique, on change le sens du champ magnétique créé. Au début du test, on étalonne le sujet : on fait passer le courant dans un sens, noté +, et on note le sens de rotation du pendule tenu par le sujet. Puis on change de sens et on vérifie que le pendule tourne dans l'autre sens. Vient le test au hasard proprement dit : on fait passer le courant dans un sens, on note la rotation du pendule, puis on passe à l'essai suivant en changeant ou non le sens su courant, au hasard. Voici les résultats des trois séries de 10 essais (notés V et F pour vrai ou faux) :

Il faut noter que le hasard seul donne 50% de réussite. Ce n'est donc pas terrible. Mais il en faut plus pour démonter Yves Rocard. Je cite  : « on observe sans peine que les résultats auraient été meilleurs si les séries avaient été plus courtes ». Et propose de se limiter aux quatre premiers essais, en justifiant cela à posteriori par la fatigue qui donnerait de moins bons résultats à la fin de la série. Gageons que si les résultats avaient été meilleurs à la fin qu'au début, il aurait trouvé une autre bonne raison. Voilà ce que les séries deviennent :

En passant, pourquoi quatre essais et pas trois ou cinq  ? Facile  : avec trois essais, on obtient 67%, 67% et 33%, et avec cinq 60%, 60% et 40%. Magique, non ?

Mais Rocard ne s'arrête pas là. Vous vous souvenez qu'au début de chaque série, on étalonne le sujet en faisant deux tests qui par définition sont réussis. Eh bien soyons fous, ajoutons ces deux résultats positifs, histoire de faire encore monter les scores. On a alors :

Voilà comment on montre que la radiesthésie existe avec des résultats en sa défaveur. « Pourquoi pas ? Si cette procédure avait été convenue avant les expériences, tout le monde l'aurait acceptée », dit Yves Rocard en guise de justification. C'est donc simple : les résultats nous conviennent, on les garde. Ils ne nous conviennent pas : on change le protocole de l'expérience en cours ou après coup. C'est totalement inacceptable sur le plan scientifique. D'autre part, cela montre qu'il faut se méfier au plus haut point des statistiques présentées n'importe comment. Rocard nous donne là une formidable leçon de truquage de données. C'est un peu comme si, ayant tiré 100 fois à pile et obtenu 49 pile et 51 face, j'extrayais une suite remarquable de pile pour déduire que ma pièce était faussée ou influencée. Astucieux, non ? À retenir pour la vie de tous les jours...


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