Fabrication d'un parfum




La digestion ou l’enfleurage à chaud

Le principe repose sur l’affinité entre les corps gras et les substances odorantes. Avant on laissait macérer des fleurs dans de la graisse ou de l’huile chauffée au soleil. Une fois chargée en parfum, les corps gras étaient filtrés par expression au travers d’une manche de tissu tordu avec deux bâtons et donnaient une pommade parfumée. A Grasse, on vidait la pommade fondue à environ 60° dans des cuviers de fer blanc ayant une capacité de 50 à 200 litres. Par la suite, on y ajoutait les fleurs et ils agitaient à la main avec l’aide d’une palette de bois pendant deux heures. Le lendemain on enlevait les fleurs de la veille avec une passoire et on les remplaçait par des fraîches. On pouvait ainsi renouveler l’opération jusqu’à dix fois de suite. Une fois gavée en parfum, la graisse était pressé dans des enveloppes de cotons placées sous un pressoir hydrolique. (D’après J. FARNARIER). Le procédé était utilisé pour la rose, la tubéreuse, les violettes, les cassies, les jacinthes, les jonquilles mais il fut abandonné aux environ de 1939.





L’enfleurage à froid

La technique est proche de celle de la digestion, là encore on utilise l’affinité des corps gras et des parfums, mais les pétales, au lieu d’être plongées dans la graisse chaude sont délicatement déposées à sa surface où ils continuent de vivre. Le principe est appliqué aux fleurs dont l’activité fonctionnelle dure après la cueillette et continue à produire du parfum tant que la vitalité persiste. Le procédé convient parfaitement à la fragilité du jasmin dont les principes odorants ne peuvent être extraits au moyen des procédés traditionnels de macération ou de distillation. Le travail était fatigant et compliqué, il exigeait un grand nombre de châssis et l’emploi d’une quantité importante de main d’œuvre. Par exemple, en 1930 on embauchait jusqu’à 200 femmes saisonnières. On essaya de simplifier le travail et d’améliorer le rendement mais sans réel succès ; et comme l’extraction par solvant fournissait de meilleurs résultats, le procédé fut peu à peu abandonné.





La distillation ou entraînement par la vapeur

La distillation repose sur le fait que la plupart des particules odorantes enfermées dans une fleur, une résine, une racine, peuvent être entraînées par de la vapeur d’eau. Les premières distillations se faisaient à feu nu en chauffant directement la chaudière par un brasier. Le démarrage était difficile et les résultats très irréguliers. De plus les huiles essentielles conservaient parfois une mauvaise odeur de brûlé. En 1860, Hugues l’Ainé améliora le procédé en rajoutant un générateur indépendant au font de la cuve et en introduisant directement la vapeur d’eau dans le bas de la cuve. Le procédé est dit de distillation à vapeur sèche. Il est utilisé pour la distillation des plantes herbacées et de certaines fleurs : lavande, sauge, basilic. A Grasse le procédé est toujours en vigueur.





Les principes d’extraction par solvant

Les dissolvants volatils agissent sur le même principe que les corps gras ou la vapeur quand ils s’emparent du parfum contenu dans les matières premières odorantes. La méthode consiste à laisser macérer les plantes odorantes, à récupérer le solvant chargé de parfum, puis à le chasser par distillation tandis que les éléments vecteurs de parfums, la concrête, demeurent dans l’appareil. La profession utilise deux types d’appareils :les extracteurs statiques qui sont composés d’une série de vases cylindriques de 500 à 1000 litres de contenance. Les extracteurs sont groupés par séries et le solvant passe de l’un à l’autre. les extracteurs rotatifs qui comportent des paniers perforés disposés en forme de roue. Le travail se fait en continu, les fleurs sont tour à tour chargées dans les paniers. Les appareils mobiles économisent davantage de main d’œuvre et de solvant alors que les extracteurs statiques ont la réputation de fournir des concrêtes de meilleure qualité. Une fois chargé en principe odorant, le solvant est acheminé vers un décanteur, de façon à éliminer de l’eau qui a été extraite des plantes avec la concrête.

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