- Que penser des centrales nucléaires
actuelles ?
D'abord la question qui obsède : les centrales actuelles sont elles
sûres ?
Une centrale n'est pas une bombe.
Profitons de cette question pour évacuer une idée fausse et
largement répandue dans l'opinion publique à savoir qu'un réacteur
nucléaire peut se transformer en bombe nucléaire : c'est radicalement
impossible. En effet, la matière fissile du combustible des centrales
est agencé de telle sorte que l'on reste très proche du seuil critique : en
moyenne 1 fission provoque 1 fission.Cependant si le rythme des fissions est
important , il pourrait provoquer une divergence (un emballement ) très
rapide de la réaction , divergence d'autant plus dangereuse qu'elle
serait rapide . Hors, la nature nous vient ici en aide , en ce sens qu'une
partie des neutrons émis par une fission le sont avec un temps de retard
de 10 s , réduisant ainsi le rythme des fissions et donc les risques
d'une divergence de la réaction. L'important étant de toujours
rester près du seuil critique.
Si pour une raison ou une autre la réaction devient largement surcritique,
la conséquence en est l'accélération des neutrons émis qui n'ont plus alors
la vitesse requise pour avoir des chances notables d'être capturés par l'uranium
235 et le faire fissionner : le nombre de fissions diminue et le retour
à la normale s'effectue sans aucune intervention humaine .
Enfin il est possible d'insérer entre les barres de combustibles des "barres
de commande" qui absorbent les neutrons permettant ainsi de maintenir
le nombre de fission à une pour une . La réactivité du
réacteur peut ainsi être maîtrisée.Pour éviter à
la réaction de devenir sur-critique, on utilise ces barres de commande qui
permettent dans le même temps de moduler la puissance de la centrale en fonction
de la demande de courant électrique.
En conclusion, l'agencement du coeur nucléaire d'une centrale est réalisé
de telle sorte que l'on reste toujours très proche du seuil critique.En
outre des contre-réactions physiques naturelles ayant pour conséquence
de diminuer le nombre de fission lorsque la température (c'est à
dire le nombre de fission )devient trop importante interdisent automatiquement
un emballement démesuré de la réaction. On peut toujours
imaginer un accident conduisant à un dégagement intempestif
d'énergie mais ce dégagement restera forcément bien en
deça de celui d'une bombe et s'effectuera durant une période
de temps assez longue du fait du faible rythme des fissions dans un réacteur,
réduisant ainsi ses effets dévastateurs : on est très loin
d'une réaction fortement divergente dont l'énergie est libérée en 10-9s
comme dans une bombe nucléaire!
Les risques de pollutions radioactives.
En revanche cela n'enlève rien aux risques de dissémination
dans l'atmosphère de poussières radioactives comme à
Tchernobyl , à la suite d'une explosion non nucléaire par exemple
(explosion de dynamite, d'hydrogène ...). Aussi grave et inacceptable
(humainement et scientifiquement) qu'ait été l'accident de Tchernobyl,
cela n'a jamais et ne sera jamais une bombe nucléaire. Et c'est tant
mieux : on a déjà assez de problèmes comme cela .
Rappelons néanmoins que l'accident de Tchernobyl est survenu dans une centrale
nucléaire ne disposant pas d'une enceinte de béton destinée à confiner le
réacteur en cas de problème pour justement éviter la dissémination de poussières
radioactives. Hors toutes les centrales occidentales possèdent cette enceinte
et les plus récente en possèdent même deux ! Cette précaution indispensable
rend peu plausible une dissémination à l'extérieur de matières radioactives.
L'accident survenu à Tchernobyl n'aurait jamais eu la gravité
que l'on connait avec une telle enceinte de confinement.
Finalement il faut être conscient que la notion de sûreté est indissociable
de celle de risques maîtrisés. La technologie utlisée demande de bien connaître
les phénomènes physiques mis en jeu pour comprendre les phases d'exploitation
qui comportent un éventuel risque :le plus important est la fuite d'éléments
radioactifs à l'extérieur de la centrale. Cette situation est peu probable
mais pas impossible . Elle est en grande partie due à la puissance résiduelle
du coeur nucléaire qui continue de dégager de l'énergie même après arrêt de
la réaction. Il faut donc poursuivre le refroidissement du coeur nucléaire,
opération simple mais qui demande d'être maitrisée.
Maîtriser les risques,cela implique que les installations soient construites
en conséquence (avec notamment une enciente de confinement) et que le personnel
soit convenablement formé. C'est le cas en France et plus généralement dans
les pays occidentaux où les prises de conscience écologiques ont conduit à
l'amélioration progressive de la sûreté des centrales. Par ailleurs un organisme
indépendant (AIEA) contrôle la sûreté de ces centrales et rend public tout
incident qui survient.
En conséquence il faut reconnaître aux centrales occidentales un très bon
niveau de sûreté, sans néanmoins pouvoir garantir l'absence d'anomalies secondaires
de fonctionnement, comme dans toute installation industrielle de grande taille.
Ces anomalies restent des incidents classés en général "niveau 2" sur une
échelle de risque comportant 7 niveaux.
Le cas des centrales "de l'est"
Se pose le délicat problème des centrales des pays de l'est : en tout, 64
réacteurs dont la situation est loin d'être brillante. La technologie utilisée
est souvent vieillissante et beaucoup moins sûre que celle utilisée dans les
réacteurs de type REP (réacteurs occidentaux). Les installations sont pour
le moins vétustes et le manque de crédits dû à l'effondrement de l'économie
de ces pays, empêche leur rénovation : câbles à haute tension sectionnés,
tuyaux contenant l'eau de refroidissement rouillés, absences d'enceintes de
confinement, etc. Enfin, on observe une fuite du personnel qualifié, devant
le peu d'attraits économiques de leur travail au sein de ces pays. les centrales
sont confiées à des personnes pas toujours conscientes des risques à maîtriser.
Conclusion : la sûreté est loin d'être garantie dans les pays de l'est, pourtant
également gros consommateurs d'énergie, et ne pouvant donc se passer de ces
centrales. Voilà donc une bonne raison d'aider ces pays à se reconstruire
pour qu'ils acquièrent une conscience écologique (on peut comprendre que ce
ne soit pas actuellement leur principal problème), et une technologie de nouveau
en accord avec leurs installations industrielles.
Il est important de ne pas nier cette situation alarmante, mais il est encore
plus important de ne pas en rester à la crainte d'un nouvel accident de type
Tchernobyl et d'être conscient qu'un réacteur nucléaire peut, sans grande
difficulté, ne pas présenter plus de risque qu'une autre installation industrielle.
- Les gros problèmes de la fission nucléaire
Autre question de taille : hormis d'éventuels problèmes de sécurité
qui ne font pas partie des plus gros défauts des centrales nucléaires en comparaison
avec d'autres types d'installations industrielles, quels sont les éléments
qui font que l'énergie nucléaire récupérée
à partir de la fission de l'uranium n'est pas la panacée ? Deux
éléments dans cette argumentation : le manque de matière
première et les déchets issus de la fission.
Les centrales actuelles reposent en effet sur le principe de la fission de noyaux
isotopes de l'uranium. L'uranium 235 (noté U235 dans la suite) qui se
fissionne sans grand mal avec des neutrons thermiques, est utilisés dans
les centrales actuelles. Là où ça coince c'est que dans
la nature c'est principalement de l'uranium 238 (U238) que l'on trouve avec
une très faible proportion d'U235 (0,7% exactement) . Autrement dit moins de
1% de l'uranium extrait sert effectivement à produire de l'énergie.
L'uranium naturel doit donc être "enrichi" en U235 (jusqu'à atteindre
un taux de 3 à 4 %) grâce à une technologie complexe et
couteuse . Le problème est double : le combustible des centrales revient
cher et une grande partie (99,3% !) n'est pas utilisé...
Que devient alors l'U238 ? Reste-t-il inchangé par le bombardement des
neutrons thermiques ? Pas du tout , une part non négligeable (20%) se
trouve transformée en un autre élément chimique radioactif
: le Plutonium 239 (Pu239). Ce Pu239 fissionne en partie sous l'effet des neutrons
thermiques et dégage donc de l'énergie (environ 30% du total).
cette opération est finalement bénéfique puisque une partie
de l'U238 inutile, se transforme en Pu239 qui lui meme dégage de l'énergie.
Mais voilà, il n'empeche qu'au final, après épuisement
du combustible principal (l'U235 je le rappelle), il nous reste sur les bras
:
- de l'U238 inutilisable tel quel
- du Pu239 qui est très radioactif mais qui peut fissionner facilement
(au contraire de l'U238), hors après retrait du combustible des centrales
, ce Pu239 qui représente un stock considérable d'énergie
n'est pas utilisé mais considéré comme un déchet
dont on cherche actuellement à se débarasser . Comme si vous
jetiez du pétrole à la mer finalement , sous pretexte qu'il
contient quelques substances toxiques (ce qui est vrai au demeurant !).
- d'autres éléments appelés "produits de fission" car
ils sont le résultat de la fission des noyaux d'uranium et de Plutonium.
Ils sont en général radioactifs et inutilisables pour dégager
de l'énergie par fission : ce sont aussi des déchets nucléaires.
Le premier problème de l'énergie nucléaire pour l'avenir
est donc le même que celui de la filière "pétrole,gaz,..." : l'épuisement
des réserves d'uranium qui arrivera d'autant plus vite que l'on n'utilise
qu partiellement la matière première. On comprend alors les arguments des opposants
au nucléaire : à quoi bon remplacer le pétrole par une
source d'énergie dont les réserves seront épuisées
dans 50 ans , tout comme le pétrole ? En effet si l'on utilise que 0,7
% de ce que l'on extrait, il y a du gaspillage dans l'air !
Le deuxième problème pour l'avenir du nucléaire et du monde
en général est l'épineux problème des déchets
nucléaires. Ils sont radioactifs pour de très longues périodes
de temps : le Plutonium le restera pendant 150 000 ans environ , les autres
déchets pendant plusieurs millions d'années ... Aïe ! C'est
là que la fission nucléaire montre ses limites en tant qu'énergie
du futur susceptible de résoudre tous les problèmes auquels sont
confrontés les autres sources d'énergie (attendre pour cela ma
tribune du mois de Février). Conclusion : la fission nucléaire n'est
pas la solution miracle !
Un bien triste constat ,après les espoirs que l'aspect surpuissant de cette
forme d'énergie avaient suscités, on doit cependant noter que
l'énergie nucléaire n'est pas plus polluante et pas plus épuisable
que le pétrole et le gaz. Les peurs fantasmagoriques suscitées
par le nucléaire ont eu au moins l'avantage de faire prendre conscience
aux opinions publiques occidentales que la production d'énormes quantité
d'énergie , quelle qu'en soit la source, ne pouvait se faire sans risque.
la fission nucléaire ne déroge pas à la règle. C'est
donc une énergie qui est destiné à être une solution
transitoire dans l'histoire de l'humanité , comme le pétrole
en est une autre (dans 50 ou 60 ans , les réserves de pétrole
seront tout simplement épuisées.) . C'est une solution de plus
qui , pour les pays européens qui ne disposent pas ou peu de pétrole,
offre une alternative intéressante à la dépendance énergétique
vis à vis des pays producteurs de pétrole , dépendance
qui conduit le plus souvent à des jeux géopolitiques plus que
dangereux.... C'est une solution parallèle dont il faut accepter les
risques pour mieux les maitriser , en attendant de trouver une autre énergie
plus abondante, moins polluante et susceptible de répondre aux besoins
colossaux de nos sociétés.
- Et qu'est ce qu'on fait maintenant
?
Continuons tout d'abord les efforts pour accroître la sécurité des centrales
actuelles. Continuons le virage amorcé depuis 15 ans par la communauté scientifique
en communiquant avec l'opinion , en l'informant des problèmes rencontrés pour
que le nucléaire cesse d'être vu comme un monstre qu'il n'est pas , pas plus
en tout cas que toute production industrielle de masse.
Concernant le problème épineux des déchets nucléaires (défaut majeur de cette
filière !), il faut savoir assumer les erreurs du passé avec courage
et sans affolement. Antoine de Saint Euxupéry définissait le courage comme la
façon d'agir que l'on adopte pour surmonter ses peurs : faisons de même, arrêtons
de nous affoler en entendant le mot "déchet nucléaire" et donnons nous
les moyens de s'en débarasser sans engager les générations futures.
Notons au passage une aberration de plus de nos sociétés : la fin de la guerre
froide a conduit à un désarmement généralisé, amenant des stocks autrement plus
considérables de plutonium 239 que les centrales elles-mêmes. Pire, ce plutonium
est quasiment pur. Nous devons donc répondre aussi à ce problème dont on se
passerait volontiers. La classe politique est devenue , sous la pression des
opinions, sensible à ce problème depuis une dizaine d'année. Une loi importante
a ainsi été votée en Décembre 1991 qui vise à étudier pendant 15 ans les solutions
dont on dispose pour régler ce problème des déchets.Notons qu'il s'agit d'une
loi réellement progressiste car elle favorise à lever le secret sur les problèmes
du nucléaire et dénote une responsabilisation de nos gouvernants face à ces
dits problèmes.
Trois axes de recherche ont été définies par cette loi :
- l'enfouissement profond et irréversible de ces déchets dans des
couches géologiques stables. Cette option est vivement critiquée par les
écologistes, pas forcément à tort car il semble difficile d'affirmer la
stabilité de certaines zones sur plusieurs millions d'années...
- le stockage en surface de ces déchets dans des zones contrôlées.
Cette solution qui semble a priori aberrante est pourtant défendue par ses
mêmes écologistes. Et pourtant, il semble totalement illusoire d'assurer
en surface le contrôle de ces zones pendant ces mêmes millions d'années
quand la stabilité politique d'un pays a du mal à se maintenir cinquante
ans.
- Enfin la seule voie scientifiquement acceptable, même si elle doit être
coûteuse, à savoir le retraitement des déchets.
Pour répondre à cette troisième possibilité, des projets de réacteurs d'un type
nouveau sont apparus de par le monde dans les années soixante dix, et notamment
en France, avec le prototype superphénix créé en 1977. Ce type de réacteur
n'utilise pas des neutrons thermiques mais des neutrons rapides permettant ainsi
de faire fissionner le Pu239. Astucieuse manière d'utliser ce "déchet" des centrales
classiques. Mieux encore, ce projet envisageait que l'U238 non utilisé dans
les centrales classiques puisse être transformé en Pu239, qui lui-même fissionnerait.Ce
projet permettait notamment d'éviter l'étape d'enrichissement du combustible
qui représente à elle seule 35% du coût de l'énergie nucléaire.
Enfin, il était envisagé que ces neutrons rapides puissent transformer les autres
déchets très radioactifs en produits beaucoup moins radioactifs par le phénomène
de transmutation.
Quelle belle solution d'avenir ! Et ça marche ?
Non pas encore, cette centrale n'étant qu'un prototype, donc conçu pour résoudre
les problèmes qui subsistent encore. Toutefois, bien que coûteuse (en temps
et en argent), les solutions à ces problèmes sont apporter, petit à petit.Finalement,
en supposant que l'on puisse résoudre tous ces problèmes, cette solution des
surgénérateurs permettrait de se débérasser en partie des déchets et surtout
d'exploiter totalement l'uranium naturel, assurant ainsi une autonomie énergétique
mondiale pour les 2500 prochaines années, le temps de trouver mieux en quelque
sorte !
Pourquoi suis-je alors en colère ? Parce que cette centrale de superphénix a
été définitivement arrêtée en 1997, victime de l'image désastreuse du nucléaire,
sans rapport avec les dangers éventuels que représentaiet cette centrale, quoi
qu'en dise Greenpeace à travers sa stratégie de désinformation.Lire à ce sujet
le rapport très complet de l'assemblée nationale cité dans les références au
bas de cette tribune.
Comment accepter d'avoir stoppé superphénix avant d'avoir répondu aux exigences
de la loi de 1991 , qui prévoit une décision finale en 2006 seulement? Il
est aberrant de reprocher à un prototype (comme l'ont fait Greenpeace et d'autres),
de ne pas fonctionner aussi bien et aussi régulièrement qu'une centrale à la
technologie aboutie. Dans ces domaines pointus de la connaissance humaine, il
faut être conscient que 50 ans sont nécessaires pour développer une technologie,
50 ans avant qu'un surgénérateur soit une solution séduisante et sûre. En tout
cas une dizaine d'année constituent une durée largement insuffisante pour répondre
aux problèmes posés.
Il est toutefois bon de signaler qu'aucun problème concernant le coeur nucléaire
de superphénix n'a jamais été constaté, malgré ce que l'on aurait voulu nous
faire croire. Information largement vérifiable...
Et maintenant que superphénix est arrêté, qu'est-ce qu'on fait? Réponse dans
la tribune de janvier...
- Doit on condamner la poursuite (l'entêtement
diront certains) dans la voie du nucléaire ?
Que les "anti-nucléaires" se rassurent : la fermeture de Superphénix a condamné,
non le choix du nucléaire mais son amélioration, pour les 50 ans à venir.
Belle réussite ! Le but est atteint : l'énergie nucléaire va garder une image
désastreuse à cause des énormes défauts de la fission de l'uranium 238 (et ils
sont réels, on l'a vu.) alors que c'est loin d'être la seule solution pour récupérer
l'énergie emmagasinée dans les noyaux d'atomes.
La fermeture de superphénix nous aura privé des recherches qui pouvaient aboutir
à une amélioration notable de la toxicité des déchets et du gaspillage des matières
premières.Quand il aurait fallu soutenir la partie de la communauté scientifique
qui proposait d'assumer les erreurs passées et d'essayer de rendre le nucléaire
plus séduisant scientifiquement et écologiquement, on a crié au loup de manière
irresponsable.
Il convient d'être réaliste, de reconnaître qu'il n'est pas aisé de tout avoir
: le confort et l'absence d'effets secondaires liés à la production de grandes
quantités d'énergie. Nos sociétés réclament des quantités colossales d'énergie
(il faut une centrale de 1000 MW pour alimenter une ville d'un million d'habitants
seulement!) et les pays "en voie de développement" voudrons demain bénéficier
du même confort que nous, augmentant de fait l'énergie à extraire de notre petite
planète. Et produire autant d'énergie ne peut se faire sans risque :
cela il faut l'accepter ou bien renoncer au confort.
Finalement le débat de fond concernant la poursuite ou non dans la voie prometeuse
de l'énergie nucléaire se situe sur le long terme (à l'échéance de 100
ans ou plus). Actuellement le nucléaire, bien qu'efficace pour produire de l'énergie,
posent des problèmes mais ils ne sont pas insurmontables et des idées existent
pour les résoudre si on veut bien ne pas diaboliser leurs auteurs. Clairement
, cette voie est à long terme sure et efficace. Le problème est que les hommes
politiques et les opinions ignorent cette notion de long terme (long terme =
penser pour les générations à venir).
Dommage...car qui se soucie des problèmes à long terme que sont la pénurie pétrolière
(dans 50 ans seulement !)? cette pénurie entraînera des désordres politiques
et économiques mondiaux. Or ce delai de 50 ans, c'est approximativement le temps
nécessaire pour régler convenablement les problèmes du nucléaire et proposer
au bon moment une énergie en quantité pour remplacer temporairement celle issue
du pétrole. Les problèmes liés à l'exploitation du pétrole qui surgiront dans
50 ans risquent d'être autrement plus graves que ceux (déjà graves) posés par
le nucléaire aujourd'hui mais auquels une réponse peut être apportée.
Il faut encourager la poursuite raisonnée de l'exploitation de cette
énergie en permettant aux scientifiques de faire des recherches et d'en publier
les résultats qui devront etre analysés pour ce qu'ils sont : des données rationnelles
et scientifiques.Les priver de leurs outils de recherche revient à nous priver
d'une solution énergétique qui pourrait répondre à des besoins de plus en plus
grands et assurer, à long terme, une sécurité meilleures que pour d'autres sources
d'énergie. Il faut donner à l'humanité ce dont elle manque le plus : du temps
! Du temps pour trouver une solution idéale. cette solution existe sans
doute (l'énergie solaire ? Cela reste à prouver mais c'est un bon candidat)
mais sa concrétisation demandera du temps et les sociétés n'accepteront pas
de retourner à l'âge des cavernes en attendant cette "solution idéale" qui ne
peut être qu'une solution à très long terme.
Le citoyen doit se battre contre les défauts de l'énergie nucléaire et c'est
grâce à ce combat qu'ils pourront être surmontés mais le citoyen se doit aussi
d'avoir une vision à long terme , accepter ainsi de dépenser de l'argent , de
prendre des risques (mesurés) pour garantir l'avenir de nos sociétés. La fission
n'est pas merveilleuse mais elle nous offre du temps pour penser à un avenir
plus merveilleux et c'est déjà pas si mal.
- Et l'utopie dans tout ça ?
Au nom de quoi devrions nous aujourd'hui abandonner les progrès réalisés
en sciences et dont l'opinion est la première à se féliciter
tant elle y trouve de motifs de satisfaction : allongement de l'espérance
de vie , amélioration du confort avec voiture, ordinateurs , télé
et j'en passe...) ? et d'ailleurs renoncer à ce progrès est il
possible ? est il possible de faire comme si nous n'avions jamais rien su de
l'énergie nucléaire ? Assurément non ! Qui plus est il
y a fort à parier que les militaires, toujours étroitement liés
au pouvoir et à l'obsession de commander les peuples de part le monde
s'y refuseraient. Ce n'est pas le désarmement actuel, dont on a souligné
les problèmes qu'il engendre, qui nous ferons changer d'avis.
Accéptons le nucléaire comme une possibilité de plus
pour l'homme, pas forcément la meilleure, pas forcément celle
qui sera "définitive" mais donnons lui au moins une place parmi les autres
sources d'énergie sans laisser croire qu'elle représente plus
de danger que les autres. C'est faux. l'histoire de nos sociétés,fait
que l'on a une conscience accrue et souvent déraisonnable des dangers
de l'énergie nucléaire. L'effet de serre et pire l'épuisement de resssources
pétrolières chimiquement riches (pour la pharmacologie en particulier)
constitue un danger tout aussi grand pour les générations à
venir mais ça, il faudra que les gens attendent de ne plus avoir une
goutte d'essence qui coule à la pompe pour s'en rendre compte. Et à
ce moment là , si nous n'avons pas une solution efficace , à grande
échelle, pour remplacer cela , là il y aura de sérieuses
raisons de s'inquiéter.
Enfin signalons que c'est de vivre qui est dangereux : être 6 milliards
d'Hommes et des milliers de fois plus d'autres organismes à vivre sur
notre fragile planète : voilà ce qui menace notre avenir . Dans
tous les cas nous épuisons notre monde , à nous de l'épuiser
le plus intelligemment possible .
Alors pourquoi ne pas rêver un peu ? Rêver
de pouvoir exploiter cette réserve hallucinante d'énergie contenue
dans le noyau des atomes sans radioactivité, sans déchet à
retraiter , sans limitation enfin des matières premières ! Une
utopie ? Sans doute mais écoutons alors un instant une des plus grandes
consciences scientifiques du siècle passé Théodord Monod
qui aimait à dire que "les utopies sont les réalités
de demain..."
Signalons pour poursuivre notre entreprise d'honnêteté intellectuelle
que Théodord Monod était farouchement opposé à
l'utilisation de la fission nucléaire dans le milieu militaire et civil
mais cette phrase dès lors qu'il l'a écrite ne lui appartient
plus totalement et je la reprends à mon compte en lui rendant hommage
. L'utopie décrite plus haut existe plus ou moins : il s'agit du phénomène
de fusion nucléaire qui sera le sujet de la tribune de février.
Soyons clair dès maintenant : la concrétisation de cette utopie n'est
pas pour aujourd'hui.....mais pour demain peut être !
Quoi ? Tout ça ? ... Oui, dès qu'on met les mains dans
le camboui des politiques énergétiques, il n'est pas inutile
de lire, de relire et de relire encore pour avoir une vision que je souhaite
la plus équilibrée et la plus réaliste possible sur
un sujet délicat où le politiquement correct fleurte
bien souvent avec l'aveuglement industriel .